Le destin tragique d'Amin qui aurait tant voulu tuer son idole du bluesD'ordinaire, le vieux Lodge ne tenait pas trois rounds d'affilée depuis cinq ans, au moins ; normalement, c'était du tout cuit, presque du un contre un, virgule quelque chose, un rapport de misère, quelques cents à gagner qui donneraient à tous ces gagne-petit le sentiment qu'ils n'avaient pas gâché leur soirée. Mais perdre leur misérable mise, à cause de ce sale fils de pute de négro? - Tu les entends, dis ? Tu les entends, ces bâtards ! T'es mort, t'es déjà mort ! Chow avait les foies. L'atmosphère devenait émeutière, les canettes volaient et ricochaient sur la toile du chapiteau.Un fatum tragique. Ça sent la sueur, la pourriture des marais, on entend le lourd blues du Delta. Un roman qui cogne, plus que noir, " blark » : black and darkEXTRAITIl regardait fixement les crachats sanguinolents qui flottaient au fond du seau. Il aurait voulu rire - sinon sourire - du mauvais tour qu'il venait de leur jouer, mais la coupure de sa lèvre inférieure l'en dissuada.- On avait dit à la fin du troisième, Courtaud, bon dieu de merde ! Tu comprends donc pas !A PROPOS DE L'AUTEURMax Obione s'est emparé du noir sur le tard afin de donner libre cours à son tempérament libertaire. Dans ses polars et ses nouvelles, ce jeune auteur tardif revisite les archétypes du genre. C'est un franc-tireur des lettres qui, se reposant du noir un temps, met du rose à sa palette. Sur le chemin de la littérature érotique, il commence à semer des cailloux libertins. Mais le noir demeure sa couleur de prédilection.
Le destin tragique d'Amin qui aurait tant voulu tuer son idole du blues pour conjurer son sort.
Un boxeur poursuit un chanteur de blues d'une haine criminelle. Résumée de la sorte, l'intrigue rassemble deux éléments : la boxe et le blues, qui sont deux passions de l'auteur. Max Obione recycle les clichés du genre et nous plonge au coeur du "deep south" des Etats-Unis, entre Louisiane et Mississipi, sur lequel plane la mémoire du désormais mythique Robert Johnson. Tous les ingrédients sont réunis : la haine de soi que le héros conjure par les coups qu'il encaisse, l'infini malheur d'être au monde véhiculé par les chanteurs de blues de son enfance à Baton Rouge, la déchéance qui l'expédie au fond du trou où moisissent les cinglés et les morts en sursis. « Je vivais par suicide.», cette citation de Ken Bugul ouvre l'ouvrage, il se termine par le blues d'Amin composé par l'idole du blues !
Au plan de la forme, Obione utilise une structure romanesque originale qui procède par collage de documents, témoignages et récits. Un docu roman en quelqque sorte. Les paroles des nombreux blues qui émaillent le roman sont traduites en fin d'ouvrage.
C'est le premier roman « américain » de Max Obione. Le fatum tragique est à l'oeuvre comme dans tout bon roman noir. Ça sent la sueur, la pourriture des marais, on entend le lourd blues du Delta. Un roman qui cogne, plus que noir, « blark » : black and dark.